jueves, 7 de marzo de 2013

Les femmes mexicaines sont faites de sable


Au Mexique, la journée internationale de la femme est l’occasion de parler des problématiques en relation avec la violence à l’égard des femmes. Différents évènements sont alors organisés, des concerts, des expositions, des conférences, etc. En outre, depuis 2008, des témoignages de femmes mexicaines sont devenus immortels grâce à une pièce de théâtre documentaire.

Ginny Luna, Irene Repeto et María José Jiménez sont trois actrices de diverses origines, l’une psychologue, l’autre activiste, et la dernière directrice artistique. Elles sont engagées, avec d’autres talents, dans le projet « Femmes de sable ». C’est une pièce de théâtre en représentation depuis janvier 2013 dans le Trolebús Doblevida (un métro- bus urbain de la capitale, réaménagé en théâtre), dans le quartier de la Condesa à Mexico DF. Pendant leurs représentations, les trois actrices sont seules sur scène. Elles jouent le rôle de victimes, de femmes assassinées ou disparues. Elles racontent comment plusieurs ont été torturées. « Je ne parle pas avec le gouvernement. Mon interlocuteur est le spectateur. Je veux réveiller la conscience collective et sensibiliser les gens sur cette effrayante réalité. Je n’ai que ma passion, le théâtre, pour faire quelque chose. Si je meurs pour mon engagement, alors c’est le minimum qui puisse m’arriver », a déclaré l’actrice María José Jiménez lors d’un entretien accordé le 6 mars 2013, à la veille de son départ pour la ville de Querétaro. Lors de la journée internationale de la femme, le 8 mars 2013, la pièce de théâtre « Femmes de sable » sera jouée à l’Université de Droit de l’Etat de Querétaro, dans le cadre d’évènements organisés à cette occasion.
« Mujeres de arena » affiche 2013
La pièce a été écrite par le dramaturge mexicain Humberto Robles. Son ouvrage est enregistré sous  les droits d’auteur « Copyleft », qui autorise l’utilisation, la modification et la copie de son œuvre, dans la mesure  où cette  autorisation reste préservée. Depuis sa création en 2002, elle a été présentée par plus de 10 groupes de théâtre dans différentes villes du monde entier et elle est devenue un classique du théâtre documentaire. De plus, la pièce a été traduite en italien, anglais, français et allemand. La Première eut lieu le 25 de novembre 2002, soit le jour international pour en finir avec la violence à l’égard de la femme. Le jour a été officiellement instauré en 1961 suite à l’assassinat des sœurs Patria Minerva et Marie Teresse Maribal. Les deux sœurs étaient activistes politiques en République Dominicaine. Elles se sont opposées au régime du dictateur Rafael Leonidas Trujillo. La pièce de théâtre de Humberto Robles parle d’autres femmes assassinées, cette fois-ci dans la ville de Juarez (Ciudad Juarez) au nord du Mexique. Dans cette ville frontalière, plus de mille femmes ont été assassinées depuis 1993.
Femmes de sable dans le trolebús », ©Trolebús Doblevida, Mexique 2013
« Je ne suis pas contre la journée de la femme, je pense qu’il s’agit d’un palliatif administré par le gouvernement et les institutions. On en parle un jour, et voilà on a rempli l’agenda ! Mais l’engagement sur de réelles politiques sociales n’existe pas » a soutenu l’actrice Ginny Luna dans son entretien accordé le 6 mars 2013. Elle est psychologue de formation et en même temps activiste engagé dans la lutte contre la violence envers les femmes, en collaboration avec plusieurs associations. « Je suis engagé dans ce projet et je veux travailler avec Humberto Robles pour l’adapter aux assassinats de femmes, ici, à Mexico DF. Il faut absolument soutenir l’art des mouvements sociaux et ma lutte se trouve exactement là» a t-elle conclu.